Depuis plusieurs années, la colocation s’est imposée comme un mode d’habitation incontournable pour les étudiants, mais aussi pour les jeunes actifs qui sont de plus en plus nombreux à l’adopter. Vivre en colocation est une aventure humaine collective bien différente d’une vie seul dans un appartement. Ce qui caractérise la colocation, c’est la dimension communautaire : nous ne sommes pas les seuls maîtres des lieux et nous ne décidons pas de tout (si ce n’est dans notre chambre), nous nous devons de partager et de communiquer avec nos colocataires pour rendre la cohabitation agréable et pérenne. Pour parvenir à cette entente recherchée, il nous semble essentiel d’appliquer certaines règles et comportements, que ce soit avant de l’intégrer, pendant la période de vie commune, ou après l’avoir quittée. En voici quelques-unes (liste non-exhaustive) : Avant de rejoindre une colocation : la rencontreLe premier ingrédient d’une colocation réussie, c’est l’affinité entre ses membres. Il est donc important de savoir avec qui vous vous apprêtez à partager votre vie (parce que oui, on ne partage pas qu’un logement !). Et si vous ne connaissez pas les colocataires, vous n’avez que peu d’occasions et de temps pour faire connaissance avec eux. C’est pendant la visite ou l’entretien (qui se fait de plus en plus souvent en visio) que vous devrez prendre un maximum d’informations et ressentir un éventuel feeling pour savoir si “vous êtes faits” pour vivre ensemble. Comment vous accueillent-ils ? Sont-ils sur la même longueur d’ondes que vous ? Fêtard ou studieux ? Plutôt repas partagé ou solo ? Étudiant ou salarié ? Plutôt introverti ou extraverti ? Maniaque ou bordélique ? Y’a-t-il un roulement des tâches ménagères ? Quelles sont les passions des membres, leurs musiques de prédilections ? Y’a-t-il une connexion qui s’établit entre vous ? Autant de questions que vous pourriez poser pour essayer d’en savoir plus. Et quand l’heure du choix aura sonné, suivez votre intime conviction, elle est souvent la meilleure conseillère ! Pendant la colocation : les règles et comportements à adopter• Vaisselle et ménage : se mettre d’accord sur les tâches ménagèresCombien d’amitiés avortées ou brisées parce qu’un coloc’ entasse la vaisselle et passe un coup de serpillière toutes les années bisextiles. Ce n’est pas un scoop, la vaisselle et les tâches ménagères sont les causes principales des conflits entre colocataires. Et la cause est assez simple : nous n’avons pas la même personnalité, pas la même éducation, et donc pas la même tolérance à la saleté, à la poussière ou à la tenue de l’espace commun en général. Certaines personnes n’auront aucun problème à entasser 15 assiettes dans l’évier et à les laver d’un coup quelques jours plus tard, et pour d’autres cela sera considéré comme un manque de respect. Si les colocataires sont sur la même longueur d’onde, il ne sera pas nécessaire d’établir un programme (calendrier des tâches ménagères), chaque tâche sera réalisée équitablement de façon régulière, économisant à tout le monde la gestion de projet du ménage (et les remarques désagréables qui peuvent survenir si le calendrier n’est pas tenu). C’est donc la meilleure formule pour nous : ne rien établir et compter sur l’intelligence, le sens commun, l’acuité de chacun à maintenir un logement propre et utilisable pour tout le monde. Mais il arrive que les personnalités des colocataires ne permettent pas le luxe de l’absence de règles tacites, et qu’il faille en établir des explicites. Le ménage sera donc géré comme un projet collectif auquel chacun sera prié de participer. Pour établir ce programme, le maître mot sera EGALITÉ : égalité dans le temps de chaque tâche (pas toujours le même qui nettoie les toilettes), et adaptation aux horaires de chacun. Ajoutez à cela un brin de tolérance si un des colocs ne peut pas remplir sa mission, et vous devriez pouvoir devenir les maîtres de l’organisation des tâches ménagères chez vous ! Bien gérer le ménage et la vaisselle en colocation est fondamental, c’est la base d’une vie en communauté respectueuse et apaisée. • Les courses et le frigidaire : chacun pour soi ou on partage ?La gestion des courses, des repas et de la nourriture en général est un autre motif de dispute en colocation, il est donc préférable d’anticiper les éventuelles incompréhensions sur le sujet. 2 options s’offrent à vous (avec des nuances, bien sûr) : chacun gère ses courses, ou toutes les courses sont faites en commun. Si chacun gère ses courses, chacun consomme ce qui est à lui. Certains produits seront bien évidemment mis en commun (papier toilette, liquide vaisselle, etc.). Le mieux est donc de diviser le frigidaire et le congélateur de manière équitable (en fonction de la présence de chaque colocataire dans le logement). L’avantage de ce mode de gestion est qu’il ne pose aucun problème financier entre les colocataires, chacun gère sa nourriture, ses dépenses, et personne n’a de compte à rendre aux autres. Il est à privilégier lorsque les colocataires ont une vie relativement indépendante les uns des autres et ne mangent pas tout le temps ensemble. Si vous optez pour une gestion partagée des courses, faites attention à ne léser personne, les goûts étant relativement différents d’une personne à l’autre, et les quantités consommées également. Plus la colocation sera nombreuse, plus il sera difficile de faire “caisse commune”. Une gestion partagée peut se faire à 2, 3 ou éventuellement 4 personnes, au-delà, cela semble compliqué pour maintenir un équilibre. Vous pouvez bien évidemment trouver une solution intermédiaire : acheter un grand nombre de produits en commun, et garder une partie individuelle. C’est la solution qui semble la plus pratique et la plus juste. • Tensions et conflits : communiquer avec ses colocatairesC’est devenu un mantra, mais on ne le dira jamais assez : la communication est fondamentale entre les colocataires. Les non-dits sont les principales causes de conflits. Que cela soit sur le ménage ou la nourriture (comme nous l’avons vu) ou sur bien d’autres sujets (bruits, fêtes, jalousie, etc) les motifs de tensions en colocation, comme dans la vie, sont nombreux. Pour maintenir une harmonie, rien de mieux que d’identifier ces tensions pour les résoudre par le dialogue. On perçoit une tension lorsque le comportement change entre des individus, ou qu’un événement particulier a modifié la vie en communauté. Une grosse fête sans prévenir ou une mission ménage qui n’a pas été réalisée, et les rapports pourraient rapidement se tendre au sein de la colocation. Notre conseil: identifier la cause des tensions, pour pouvoir l’évoquer avec le plus de tacte possible. On se pose les bonnes questions : “ai-je une responsabilité dans la mauvaise ambiance régnante ? Si oui à quel niveau ? Et qui d’autres en a ?” On prend du recul et de la distance émotionnelle avec la situation et on tente de voir comment aborder le sujet sous un angle bienveillant. Le but est de faire revenir l’harmonie dans le logement, pas d’accabler telle ou telle personne. Discuter tous ensemble, parce qu’on sent que quelque chose a changé, et admettre ses manquements en mettant sa fierté de côté, est LA clé de réussite pour le bien commun et le bonheur de la vie en communauté. • J’invite des amis ou de la famille : je préviens mes colocsUne autre règle de bon sens en colocation est de prévenir ses colocs lorsqu’on invite du monde. C’est peut-être une évidence pour certains, mais ça ne l’est pas pour tout le monde. Si votre coloc’ doit réviser pour un exam’, qu’il est fatigué ou qu’il aime simplement le calme, il serait bienveillant de lui demander si la venue de vos amis le dérange. • La clause de solidaritéLes baux en colocation ont très souvent une clause de solidarité qui lie les colocataires entre eux. La clause de solidarité stipule que les colocataires sont solidaires entre eux en cas de défaut de paiement de l’un des colocataires présents sur le bail. Il est donc important de savoir que si un colocataire ne paie pas son loyer, vous allez devoir le faire pour lui, et vice versa. Vous pouvez demander au bailleur de ne pas mettre de clause de solidarité, mais il y a de fortes chances qu’il refuse. La clause de solidarité est en effet une sécurité juridique pour le bailleur en cas de loyers impayés. Le non-paiement du loyer de la part d’un colocataire pourrait être un motif de tension au sein de la colocation. Si vous êtes confronté à cette situation, nous vous conseillons d’en discuter le plus calmement possible afin de trouver une solution tous ensemble. Après avoir quitté la colocation : rester joignableLorsqu’on quitte une colocation, nous sommes toujours redevables de certaines obligations, comme le fait de régler des régularisations de charges au bailleur (qui peuvent venir 1 à 2 ans après la fin de la colocation), de modifier le nom sur l’assurance habitation ou (et on ne vous le souhaite pas) de devoir recouvrir les dettes de vos colocataires à cause de la clause de solidarité. Soyez prévoyants, si vous changez de ville ou de pays, restez joignable par vos anciens colocataires ! En guise de conclusion, on peut dire que la colocation est une vraie aventure humaine, et que pour vivre une belle aventure, il faut d’abord choisir les colocataires dont le mode de vie et la personnalité nous correspondent. Des règles de bon sens (tacites ou explicites) seront ensuite nécessaires pour y vivre harmonieusement. La communication, la bienveillance et la compréhension mutuelle seront autant d’ingrédients pour une colocation réussie ! |